Faire bonne chair ou faire bonne chère ?
En écrivant à quelques amis pour faire un peu de propagande sur nos coffrets gourmands, j’ai fait l’erreur impardonnable d’employer cette expression assez usitée finalement mais que pratiquement personne n’écrit hélas correctement : « faire bonne chère » …
Je me suis fait moquer, j’ai reçu des commentaires cinglants et péremptoires, perdu les dernières miettes de considération que quelques gens avaient encore pour moi, quand certains de mes amis j’imagine ont préféré ne rien dire en pensant « pauvre expatrié, il ne sait plus écrire dans la Langue de Molière : mieux vaut ne pas lui faire de peine … ». Un presque début de dépression m’a assailli. Et pourtant je savais que l’O-R-T-H-O-G-R-A-P-H-E et l’Académie étaient avec moi ! Mais peut-on lutter contre la multitude !
D’où l’idée de ce « post » public pour tenter de retrouver un peu d’estime de l’Autre, de la part des autres en réalité et faire le point sur ce point capital !
L’expression signifiant « se régaler » ne s’écrit pas « faire bonne chair » mais bien « faire bonne chère », où « chère » est la nourriture.
Pour vous convaincre définitivement, je ne peux que recourir à ces explications trouvées sur le site « projet Voltaire » et données par Bruno Dewaele, champion du monde d’orthographe s’il vous plaît, et professeur agrégé de lettres modernes :
« Quand on ne le saurait pas toujours, ce mot, dérivé du bas latin cara, a, bien avant qu’il ne fût question de gueuleton, désigné le visage : il s’est d’abord agi, ni plus ni moins, de recevoir dignement celui qui, sans forcément s’être annoncé, frappait à la porte ! Ce n’est que par la suite, plus particulièrement à partir de la guerre de Cent Ans, période de disettes et de vaches maigres s’il en fut, que cet accueil avenant a, le plus naturellement du monde et par le biais d’une métonymie, pris la forme d’un bon repas… ».
J’espère désormais que vous, fidèles Gourmands, ferez bien bonne chère et non bonne chair –auquel cas nous en déduirions que vous produisez du gras !